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Biographie

Damien Mazingue

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@MAZER_RESTART

Les spectateurs qui m'observent peindre me comparent souvent à une imprimante. Pour eux, la toile devient un écran numérique, une surface influencée par la technologie. Bien que l'erreur soit souvent perçue comme humaine, les machines aussi en commettent. Nous jugeons souvent leur travail avec un regard critique, attendant une perfection dans les tâches qu'elles exécutent pour nous. Mais moi, j'apprécie les erreurs des machines ; elles créent des rythmes inattendus et uniques. Mon inspiration provient de nombreuses sources : un bug lors d'un changement d'image, une déformation due à une mauvaise connexion, ou encore le développement d'une photo ratée. J'ai choisi de reprendre ces codes pour les retravailler, en y ajoutant une touche humaine. Mon but n'est pas de reproduire avec exactitude la réalité, comme le ferait une photographie, mais plutôt de laisser une part d'imprévu dans mes créations.

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À 15 ans, j'ai commencé à peindre sur des murs, juste pour m'amuser. Nous étions un groupe d'amis assoiffés d'expression, cherchant à laisser notre empreinte dans ce monde.

Les années ont passé, et ce qui était une simple aventure pour beaucoup est devenu une passion durable pour moi.

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À 18 ans, l'un de mes amis nous a inscrits à un projet de graffiti en live painting à Tourcoing. C'était une expérience bien différente du graffiti sauvage auquel nous étions habitués. Cette fois, nous avions des spectateurs, qui devenaient rapidement acteurs. Nous leur montrions nos techniques et expliquions notre art, souvent mal compris par le grand public, pour qui la bombe de peinture rime trop souvent avec vandalisme. C'est à ce moment que j'ai eu un déclic : j'avais envie de véhiculer une image positive de ce mouvement, de prouver que nous pouvions améliorer notre environnement visuel. De là est née l'association Restart, un nouveau départ artistique.

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Pendant six ans, nous avons continué à peindre, répondant aux demandes de la mairie et de particuliers. Cela nous a permis de voyager, de rencontrer d'autres artistes en France et à l'étranger, avec lesquels je suis resté en contact.

Chaque rencontre est une opportunité d'apprendre. Chacun a sa culture, son style, et après chaque voyage, je rentre avec de nouveaux savoirs que j'assemble pour créer ma propre mélodie.

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À la fin de mes études de design d'objets, je suis parti vivre deux ans en Indonésie pour y travailler. Cette expérience a été vraiment unique. En dehors des heures de création de mobilier, je passais le plus clair de mon temps à peindre dans la rue, de jour comme de nuit. Là-bas, le graffiti est décomplexé, les esprits semblent moins marqués par les images d'artistes saccageant des trains ou des façades. Les gens m'ont accueilli chez eux pour peindre, et j'ai rencontré énormément de personnes grâce à cela. Au rythme de trois peintures par semaine, mon style a rapidement évolué. Je passais des journées entières à orner des murs. La scène graffiti est plus jeune qu'en France, et les artistes indonésiens, ayant évolué avec Internet dès le début du mouvement, affichent une grande diversité de styles et une créativité sans limites.

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En 2018, je suis rentré en France. Il est plus complexe de peindre dehors ici, en raison des nombreuses interdictions et des contraintes météorologiques du Nord. Un jour, un collègue m'a demandé de l'aider à peindre une toile de huit mètres dans un entrepôt à Roubaix. C'est là que j'ai rencontré Jeff, le propriétaire. « Bon feeling, bonne peinture ! ». Jeff nous a proposé de nous prêter un espace dans un local. Il y faisait froid, mais nous étions à l'abri, avec tout le temps nécessaire pour peindre. C'est là qu'a commencé une nouvelle aventure. J'ai exploré de nombreux thèmes et appris à ne plus compter les heures, passant des jours, des semaines sur une seule toile. Mon style a évolué, et je me suis lancé des défis, toujours animé par l'envie de me surpasser et de prouver que je pouvais toujours faire mieux. Ce désir de dépassement m'habite, et je produis chaque jour de nouvelles œuvres.

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Aujourd'hui, je suis toujours à Roubaix, une ville qui, malgré son climat, est un terrain de jeu splendide pour les graffeurs. J'essaie de sortir mon art de l'atelier en exposant lors d'événements.

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Dans les années 2000, en tant que jeunes graffeurs, nous comparions les modes entre Lille et Paris. Il existait déjà différentes techniques et expressions du graffiti. Par la suite, l'influence belge a beaucoup enrichi mon style, grâce à des amis de St Luc à Bruxelles et des échanges artistiques avec des associations de Charleroi et Mons. Les voyages en Espagne, d'abord pour des excursions scolaires à Barcelone, puis pour des projets de groupe, m'ont permis d'explorer un style propre au sud, marqué par une ambiance latine riche en couleurs et en rencontres. Les voyages en Pologne m'ont fait découvrir des graffitis "bruts", dans une ambiance plus froide mais qui a favorisé des liens solides entre graffeurs. En Indonésie, j'ai été marqué par les sourires, la gentillesse et l'empathie des personnes rencontrées. Là-bas, le graffiti est légal, de jour comme de nuit.

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Je remercie ma famille, la rédactrice en chef Lili B., ainsi que Naoui, Dams, Obit, Stone. Toute la clique, ceux qui m'accompagnent depuis le début dans mes excursions, de jour comme de nuit, et ceux qui soutiennent le mouvement artistique : Spion, Hope, Skarry, Dam, KRMK, AIK, Rune, Minas, Zein, Stan, Dyeget, Dandydaken, Mace.

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